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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/432

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SCÈNE IV.

Devant le château
Entrent DESDEMONA, ÉMELIA, et LE BOUFFON.

DESDÉMONA. — Savez-vous, maraud, où le lieutenant Cassio a son appartement ?

LE BOUFFON. — Je n’ose pas dire qu’il ait un appartement quelque part.

DESDÉMONA. — Pourquoi, l’ami ?

LE BOUFFON. — Il est soldat, et dire à un soldat qu’il a parte ment, c’est risquer de se faire poignarder [10].

DESDÉMONA. — Allons donc : où loge-t-il ?

LE BOUFFON, — Vous dire où il loge serait vous dire où je mens.

DESDÉMONA. — Peut-on tirer quelque sens de ces paroles ?

LE BOUFFON. — Je ne sais pas où il loge ; lui intenter ma logement, et dire qu’ai a appartement ici ou là, serait pour moi mentir par la gorge.

DESDÉMONA. — Pouvez-vous le demander cet vous édifier à ce sujet ?

LE BOUFFON. — Je catéchiserai le monde à son propos, c’est-à-dire que je ferai des questions, et-que je vous répondrai d’après ce qu’on me dira.

DESDÉMONA. — Cherchez-le, ordonnez-lui de venir ici ; dites-lui que j’ai sollicité mon Seigneur à son sujet, et que j’espère que tout ira bien.

LE BOUFFON. — Faire cela rentre dans le cercle des choses que peut embrasser l’esprit d’un homme, et par conséquent je vais essayer de le faire. (Il sort.)

DESDÉMONA. — Où ai-je pu perdre iee mouchoir, Emilià ?

EMILIA. — Je ne sais pas, Madame.

DESDÉMONA. — Crois-moi, j’aurais mieux-aimé perdre ma bourse pleine de crusades [11] ; car si mon noble Maure n’était pas d’une âme loyale, et exempt de cette bas-