donnez-lui une patente pour pécher ; car si cela ne vous touche pas, cela ne regarde personne.
OTHELLO. — Je la hacherai en petits morceaux : — me cocufier !
IAGO. — Oh ! c’est ignoble de sa part.
OTHELLO. — Avec mon propre officier !
IAGO.—C’est encore plus ignoble.
OTHELLO. — Procure-moi du poison, Iago ; cette nuit.... Je ne veux pas avoir d’explications avec elle, de crainte que son corps et sa beauté ne désarment mon âme : — cette nuit, Iago.
IAGO. — Ne faites pas la chose avec du poison ; étranglez-la dans son lit, dans le lit même qu’elle a souillé.
OTHELLO. — Bon, bon : cette justice-là me plaît ; excellent !
IAGO. — Et pour Cassio, chargez-moi d’être son exécuteur : vous en apprendrez plus long à minuit.
OTHELLO. — Excellemment bon. (On entend une trompette.) Quelle est cette trompette ?
IAGO. — Un message de Venise, à coup sûr. C’est Lodovico qui vient de la part du doge ; et voyez, votre femme est avec lui.
LODOVICO. — Dieu vous garde, noble général !
OTHELLO. — À vous de tout cœur, Signor.
LODOVICO. — Le doge et les sénateurs de Venise vous envoient leurs compliments. (Il lui remet un paquet.)
OTHELLO. — Je baise l’instrument de leurs bons plaisirs. (Il ouvre le paquet et lit.)
DESDÉMONA. — Et quelles nouvelles, mon bon cousin Lodovico ?
IAGO. — Je suis enchanté de vous voir, Signor ; soyez le bienvenu dans Chypre.
LODOVICO. — Je vous remercie. Comment va le lieutenant Cassio ?
IAGO. — Il vit, Signor.