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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/470

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OTHELLO. — Non, sa bouche est fermée ; l’honnête Iago a reçu des ordres pour cela.

DESDÉMONA. — Oh ma crainte devine le sens de ces paroles ! — quoi ! est-il mort ?

OTHELLO. — Quand il aurait eu autant d’existences que de cheveux, mon appétit de vengeance les aurait dévorées toutes.

DESDÉMONA. — Hélas ! il est trahi, et je suis perdue !

OTHELLO. — A bas, catin ! est-ce que tu vas le pleurer à ma face ?

DESDÉMONA. — Oh ! bannissez-moi, mon Seigneur, mais ne me tuez pas !

OTHELLO. — A bas, catin !

DESDÉMONA. — Tuez-moi demain, laissez-moi vivre cette nuit !

OTHELLO. — Si vous résistez

DESDÉMONA. — Une demi-heure seulement !

OTHELLO. — Point de retard que ce ne soit fait.

DESDÉMONA. — Seulement le temps de dire une prière !

OTHELLO. — Il est trop tard. (Il l’étouffe.)

EMILIA, de l’extérieur Holà ! Monseigneur ! Monseigneur ! Eh holà ! Monseigneur !

OTHELLO. — Quel est ce bruit ? — Elle n’est pas morte ? pas tout à fait morte ? Je suis cruel, mais cependant compatissant ; je ne veux pas prolonger tes souffrances : — ainsi, ainsi.

ÉMILIA, de l’extérieur. — Holà ! Monseigneur ! Monseigneur !

OTHELLO. — Qui est là ?

ÉMILIA, de l’extérieur. — Ô mon bon Seigneur, je voudrais vous dire un mot !

OTHELLO. — Oui. — C’est Émilia. — Tout de suite. — Elle est morte. — Il est probable qu’elle vient me parler de la mort de Cassio ; le tapage a été grand. — Ah ! plus de mouvement ? immobile comme la tombe. — La laisserai-je entrer ? cela serait-il bon ? — Je crois qu’elle remue encore : — non. — Qu’est-ce qu’il vaut mieux faire ? Si elle entre, assurément elle voudra parler à ma