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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/92

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ACTE I, SCÈNE II.

amant pourrait marcher sur les toiles d’araignée qui se balancent mollement dans l’air gai de l’été, et cependant ne pas tomber, si légère est la vanité !

Entre JULIETTE.

JULIETTE. — Bonsoir à mon pieux confesseur.

LE FRÈRE LAURENT. — Roméo te remerciera pour nous deux, ma fille.

JULIETTE. — Et je le remercierai à son tour pour nous deux, sans quoi ses remercîments ne seraient pas payés.

ROMÉO. — Ah ! Juliette, si ta joie doit se mesurer sur la mienne, et si tu as plus de ressources que moi pour la peindre, alors parfume de ton haleine l’air qui nous entoure, et que la riche musique de ta voix décrive l’image du bonheur que nos deux âmes reçoivent l’une par l’autre de cette chère entrevue.

JULIETTE. — L’âme plus riche, en sentiments qu’en paroles., tire orgueil, de sa nature, non de vains ornements : ceux qui peuvent compter leur fortune me sont que des mendiants ; mais, mon sincère amour a grandi avec un tel excès que je ne puis compter la moitié de la somme de mes richesses.

LE FRÈRE LAURENT. — Venez, venez avec moi et nous allons rapidement achever cette affaire ; car avec votre permission, vous ne resterez pas seuls, avant que la sainte église ait fait de vous une seule personne. (Ils sortent.)