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ACTE I, SCÈNE II.

bon roi des chats ; voilà ce dont je prétends m’emparer, et quant aux huit autres, je me réserve, de les rosser à plate couture, selon votre conduite future à mon égard. Voulez-vous tirer votre épée de son étui par les oreilles ? Dépêchez-vous, ou bien la mienne ira caresser vos oreilles, à vous, avant que la vôtre soit sortie.

TEBALDO. — Je suis votre homme. (Il dégaine.)

ROMÉO. — Cher Mercutio, remets la rapière au fourreau.

MERCUTIO. — Allons, Messire, vôtre passade. (Ils se battent.)

ROMÉO. — Dégaine, Benvolio- ; force-les à baisser leurs épées. Par pudeur, gentilshommes, évitez ce scandale ! — Tebaldo, — Mercutio, — le prince a expressément, défendu les rixes dans les rues de Vérone. — Arrête, Tebaldo !mon bon Mercutio.... (Sortent Tebaldo et ses partisans.)

MERCUTIO. — Je suis blessé. La peste soit de vos deux maisons ! — J’ai mon compte : — et lui, est-ce qu’il est parti, et-sans la moindre blessure ?

RENVOLIO. — Comment ! est-ce que tu es blessé ?

MERCUTIO. — Oui, oui, une égratignure, une égratignure ; mais parbleu, elle est suffisante. — Où est ; mon page ? — Va, maraud, va me chercher un chirurgien. (Sort le page.)

ROMÉO. — Courage, ami ; la blessure ne peut être dangereuse.

MERCUTIO. — Non, elle n’est pas aussi profonde qu’un puits, ni aussi large qu’un portail d’église ; mais c’est égal, elle suffira. Venez me demander demain, et vous trouverez en moi un homme sérieux comme un cimetière2. Je, suis poivré pour ce monde-ci, je vous le déclare : — la peste soit de vos deux maisons — Mordieu, un chien, un rat, une souris, un chat, pourfendre ainsi un homme à mort ! Un fanfaron, un coquin, un drôle qui se bat avec la précision de l’arithmétique3! Pourquoi diable vous êtes-vous mis entre nous deux ? j’ai été blessé sous votre bras.

ROMÉO. — Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour le mieux.

MERCUTIO. — Aide-moi à me traîner vers quelque maison, Benvolio, ou je vais m’évanouir : la peste soit de vos