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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/98

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ACTE I, SCÈNE II.

ROMÉO. — Oh ! je suis le plastron de la fortune !

BENVOLIO. — Pourquoi restes-tu ? (Sort Roméo.)

Entrent DES CITOYENS.

PREMIER CITOYEN. — De quel côté s’est-il enfui, celui qui a tué Mercutio ? Tebaldo, ce meurtrier, de quel côté s’est-il enfui ?

BENVOLIO. — Le voici là couché, ce Tebaldo.

PREMIER CITOYEN. — Debout, Messire, venez avec moi ; je vous l’ordonne au nom du prince, obéissez.

Entrent LE PRINCE avec sa suite, MONTAIGU, CAPULET, LEURS FEMMES, et autres personnes.

LE PRINCE. — Où sont les scélérats qui ont commencé cette querelle ?

BENVOLIO. — Ô noble prince, je puis exposer toutes les phases malheureuses de cette fatale querelle : voici couché, tué par le jeune Roméo, l’homme qui avait tué ton parent, le brave Mercutio.

MADONNA CAPULET. — Tebaldo, mon neveu !— fils de mon frère ! prince ! neveu ! mari ! le sang de mon cher neveu a été répandu ! — Prince, si tu es juste, paye notre sang versé, en faisant couler celui de Montaigu. — Oh, neveu, neveu !

LE PRINCE. — Benvolio, qui a commencé cette sanglante querelle ?

BENVOLIO. — Tebaldo, ici étendu, tué par la main de Roméo. Roméo lui a parlé en bons termes, l’a supplié de réfléchir à l’insignifiance de la querelle, et lui a représenté quel serait votre haut déplaisir : tout cela exprimé d’une voix douce, avec de calmes regards, et en fléchissant humblement le genou, n’a pu amener à composition l’humeur querelleuse de Tebaldo, qui, souid à la paix, n’a eu de cesse qu’il n’eût dirigé la pointe de son épée contre la poitrine du hardi Mercutio ; celui-ci ; tout aussi chaud que lui, dirige pointe contre pointe meurtrière, et avec un courageux mépris s’efforce d’une main de repousser la froide mort, et de l’autre de la