Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/39

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Pourquoi, par quelle fantaisie,
Reviens-tu du fond de l’Asie ?
Serait-ce pour bénir la couche libertine
De Thésée et de l’Amazone,
Ta maîtresse aux belles bottines ?…

OBÉRON

Fi donc ! Ton esprit déraisonne,
Titania ! N’es-tu pas bien osée
De regarder comme insolite
Mon amitié pour Hippolyte,
Quand je n’ignore pas ton amour pour Thésée ?
Lorsqu’il commit la félonie
D’abandonner Périgénie
Pour obéir à cet amour,
C est dans la sombre nuit dont tu l’as aveuglé,
Et n’est-ce pas pour toi qu’il trompa tour à tour
Antiope, Ariane, Églé ?

TITANIA

Chimères d’un esprit jaloux !… Depuis longtemps
Déjà, dans les jardins, les bois, près des étangs
Bordés de joncs, et sur les plages blondes
Où les vagues se brisent,
Nous n’avons pu nous assembler
Pour y danser nos rondes
Au sifflement des brises,
Sans que tu vinsses nous troubler
Par tes querelles furibondes !
Aussi les vents lassés de leur musique vaine,
Arrachant à la mer ses brumeuses haleines
Les ont réduites en averses,
[Si bien qu’on voit partout les rivières accrues]