Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/159

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au haut de ce chardon ; puis, apportez-moi son sac à miel, mon bon monsieur. Ne vous écorchez pas trop dans l’action, monsieur ; surtout, mon bon monsieur, ayez soin que le sac à miel ne crève pas. Il me répugnerait de vous voir inondé de miel, signor. Où est monsieur Grain de Moutarde ?
GRAIN DE MOUTARDE.

Me voici.

BOTTOM.

Donnez-moi une poignée de main, monsieur Grain de Moutarde. De grâce, pas de cérémonie, mon bon monsieur.

GRAIN DE MOUTARDE.

Que m’ordonnez-vous ?

BOTTOM.

Rien, mon bon monsieur, si ce n’est d’aider le cavalero Toile d’Araignée à me gratter. Il faut que j’aille chez le barbier, monsieur, car m’est avis que je suis merveilleusement poilu autour du visage ; et je suis un âne si délicat que, pour peu qu’un poil me démange, il faut que je me gratte.

TITANIA.

— Voyons, veux-tu entendre de la musique, mon doux amour ? —

BOTTOM.

J’ai l’oreille passablement bonne en musique ; qu’on nous donne la clef et les pincettes.

TITANIA.

— Dis-moi, doux amour, ce que tu désires manger. —

BOTTOM.

Ma foi, un picotin. Je mâcherais bien de votre bonne avoine bien sèche. M’est avis que j’aurais grande envie d’une botte de foin : du bon foin, du foin qui embaume, rien n’est égal à ça.