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Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/169

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assemblée qui représente moins d’un millième de la communauté entière. Je pense qu’il ne doit point être taxé ni gouverné ainsi. Un hôpital de fous est le seul théâtre où nous pensions que puisse être jouée une comédie aussi pitoyable que celle qui représente actuellement cette grande nation : un seul individu qui, par des fanfaronnades et des supercheries, filoute à un mil- lier de ses camarades tout ce qu’ils possèdent au monde, pour, ensuite, les fouler aux pieds, cra- cher sur eux, et cela bien qu'il soit l’être le plus méprisable et le plus dégradé de l’espèce humaine, et qu’ils aient des bras vigoureux, un cœur plein de courage. La réalisation d’une telle parabole dans la société politique est un spectacle bien fait pour por- ter à son comble l’indignation et l’horreur. Les prérogatives du Parlement constituent un pouvoir souverain qui est exercé au mépris du peuple, et il est rigoureusement conforme aux lois de la nature humaine, qu’il ait été exercé pour la misère et la ruine du peuple. Les hommes cher- chent par instinct à rendre esclaves et malheureux ceux qu’ils méprisent, de manière que leur mépris ne leur soit pas dangereux. Le but que se propo- sent les Réformateurs est de restituer au peuple une souveraineté qui est ainsi usurpée par mépris. C’est à cela que je vise; sans cela je garderais aujourd’hui le silence. Là servitude est parfois volontaire. Peut-être le peuple préfère-t-il être réduit en esclavage? Peut-