Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/170

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être est-ce sa volonté d’être dégradé, ignorant, affamé? Peut-être l'habitude est-elle son seul Dieu, et lui son fanatique adorateur ? Il frissonne de froid, il dépérit de privation, plutôt que de nier cette idole. Peut-être la majorité de cette nation décidera-t-elle qu’elle ne veut pas être représentée au Parlement, qu’elle n’enlèvera pas le pouvoir à ceux qui l'ont plongée dans ce misérable état où elle se trouve maintenant. C’est à elle de vouloir, c’est elle que cela regarde. Si telle est sa décision, les champions des droits de l’homme et ceux qui gémissent sur ses erreurs et ses calamités n’ont qu’à rentrer chez eux en silence, jusqu’à ce que l’accumulation des souffrances produise le même effet que la raison. La question qui est maintenant en débat, est de savoir si la majorité des gens adultes du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande, désire ou non une représentation complète dans l’Assemblée législative. Je ne doute nullement que tel ne soit leur désir, et je crois que c’est l’opinion de bien des personnes qui sont au courant de l’état du sentiment public. Mais le fait doit être formellement établi avant que nous nous mettions à l’œuvre. Si la majorité de la population adulte manifestait solennellement son désir que la Chambre des Communes du Parlement fût composée des représentants qu’elle nommerait, il n’y aurait plus lieu de discuter. Alors le Parlement serait mis en demeure, et non pas supplié par pétition, de préparer un plan pour mettre à exécution la volonté géné-