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Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/333

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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

et de la vertu sur les difficultés extérieures. Le calme, la patience, la magnanimité de cet homme singulier sont vraiment rares et admirables. Son désintéressement, son égalité d’humeur, sa douceur irrésistible, forment un portrait parfait, charmant. Mais nous ne saurions entendre sans horreur et sans indignation les conseils qu’il donne à son élève de s’abandonner au concubinage le plus irrégulier. On dirait que pour l’auteur, le commerce sans affection entre appétits brutaux est un péché véniel contre la délicatesse et la vertu ! Il prétend que des relations passagères avec une femme bien élevée contribuent à former le cœur sans corrompre essentiellement les sentiments. Nous nous faisons un devoir de protester contre une doctrine aussi pernicieuse et aussi révoltante. Il n’est pas d’homme qui puisse conserver sa pureté au sortir des étreintes empoisonnées d’une prostituée, ou se croire innocent après avoir plongé dans la désolation un cœur plein d’espoir et de confiance. Quels que soient les droits de la chasteté, quels que soient les avantages des affections naïves et pures, ces liens, ces avantages doivent se partager également entre les deux sexes. La loyauté absolue des relations domestiques exige une complète réciprocité des devoirs. Mais l’auteur lui-même, dans l’épisode de la Sultane Debesh-Sheptuti, a présenté une allégorie bien frappante et bien terrible de l’égoïsme froid et méchant qu’inspire la sensualité.

Le défaut de suite et de netteté du récit nous empêche de donner une analyse des incidents ; il faudrait, en effet, se borner à faire une liste d’événe-