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120 OEUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

triomphe de mes craintes les plus folles ; et à travers tes yeux, dans les profondeurs de ton âme, je vois brûler intérieurement une lampe de vestale.

XII

On dit que tu fus digne d’amour dès ta naissance, de parents glorieux ambitieuse enfant (l). Je ne m'en étonne pas. — Elle a quitté cette terre, celle dont la vie fut comme une douce planète qui se couche, et qui te revêtit du pur rayonnement de sa gloire mourante ; sa renommée brille toujours sur toi, à travers les noires et sauvages tempêtes, qui viennent d'ébranler ces derniers jours ; et tu peux réclamer de ton père l’abri d’un nom immortel (2).

XIII

Une voix s’est fait entendre venant de maint esprit puissant, une voix qui était l’écho de trois mille ans ; et le monde tumultueux en l'entendant resta muet, comme un homme solitaire qi dans un désert entend la musique de sa patrie ; — des terreurs inaccoutumées tombèrent sur les pâles oppresseurs de notre race, et Foi, et Coutume, et les bas et vils soucis, comme des dragons frappés du tonnerre, abandonnèrent pour un temps le cœur humain déchiré, leur pâture et leur domicile.

(1) La mère de Mary Shelley était cette fameuse Mary Wolls- tonecraft, qui prit si chaleureusement en main la cause de l' émancipation des femmes ; elle avait épousé W.Godwin, et était morte en donnant le jour à cette Mary, qui devait devenir la femme bien-aimée de Shelley. Voir notre étude sur Shelley. (2) William Godwin, l'auteur célèbre de la Justice politique.