Page:Shelley - Œuvres poétiques complètes, t1, 1885, trad. Rabbe.djvu/125

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LAON ET CYTHNA 119

Ce fut notre sort , et nous tînmes bon , sans être ébranlés.

IX

Maintenant est descendue une heure plus sereine, et, avec la fortune inconstante, les amis reviennent ; quoique celui qui souffre laisse dire à la science et à la force : « Ne paie pas le mépris par le mépris »... Et de ton flanc deux charmants enfants sont nés, pour remplir notre home de sourires, et ainsi nous marchons, les plus fortunées des créatures, sous le matin rayonnant de la vie ; et ces délices, et toi-même, telle est la source de ce Chant que je te consacre.

X

Mes doigts inexpérimentés ne vont-ils aujourd’hui qu’essayer le prélude d’accords plus élevés ? Ou bien la lyre où mon esprit repose doit-elle bientôt s’arrêter silencieuse, pour ne plus résonner jamais, quoiqu’elle puisse ébranler le règne anarchique de la Coutume et charmer les esprits des hommes aux accords mêmes de la Vérité, plus sainte que la lyre d’Amphion lui-même ?... Je voudrais bien répondre par des paroles d’espérance. — Mais je suis usé, consumé, et la Mort et l’Amour se disputent leur proie !

XI

Et toi, qu’es-tu ? Je le sais, mais je n’ose le dire ; le temps peut le révéler à ses années silencieuses. Cependant dans la pâleur de ta joue pleine de pensée, dans la lumière où ton large front se consume , dans tes si doux sourires, dans tes pleurs, dans ton gracieux langage, j’entends murmurer une prophétie, qui