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124 OEUVRES POÉTIQIES DE SHELLEY

majesté ; sa corne supérieure était encore revêtue de brouillards, qui bientôt mais lentement s’enfuirent, comme la rosée sous les rayons de midi.

VI

Je ne pouvais m’empècher de regarder ; il y avait une fascination dans celte lune, dans ce ciel et ces nuages, qui entraînait mon imagination, et, dans l'attente de quelque chose que je ne connaissais pas, je restais immobile. La blancbeur de la lune, au milieu du ciel si bleu, tout à coup apparut souillée d'ombre ; une tache, un nuage, une forme grossissait en s’approchant, comme un grand navire dans la sphère du soleil couchant qu’on aperçoit de loin sur la mer, et fut bientôt tout près.

VII Comme une barque, qui au sortir d’un gouffre de montagnes sombres, vastes et surplombantes, s’avance sur une rivière réunissant là toute la force de ses sources, et frémit sous la rapidité de sa course à laquelle contribuent voiles, lames et courant ; ainsi, de cet abîme de lumière, une forme ailée, portée sur tous les vents du ciel, flottait, approchant toujours, et se dilatant à mesure quelle avançai ! ; l’ouragan la poursuivait de ses coups de vent furieux, de ses éclairs rapides et brûlants.

VIII

Une course précipitée, d'une rapidité vertigineuse, suspendant la pensée et la respiration ! Un monstrueux spectacle !... Je vis dans l’air un Aigle et un Serpent combattant enlacés... Dans ce moment, relâchant son vol impétueux devant le roc aérien où je me tenais