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LAON ET CYTHNA 125

debout l'Aigle, planant, tournoya à gauche et à droite et, ses ailes étendues, resta suspendu sur les eaux, faisant tressaillir de ses cris la vaste solitude de l’air.

IX

Un trait de lumière descendit sur ses ailes, et chacune de ses plumes d’or étincela — plume et écaille inextricablement confondues. Les mille nuances de la cuirasse du Serpent brillaient à travers les plumes ; ses anneaux se tordaient en mille replis gonflés et noueux ; son cou élevé, mince et souple, rejeté en arrière, supportait sa tête crêtée, qui prudemment s’agitait et lançait des coups d’œil furtifs sous le regard fixe de l'Aigle.

X

Tournant dans des cercles sans fin et faisant retentir l’air du bruit de ses ailes et de ses cris, l'Aigle volait toujours, tantôt dérobant dans les hauteurs ses circuits presque invisibles, tantôt, comme s’il tombait, glissant dans l'air : ses cris étaient de plus en plus déchirants, et rejetant en arrière sa tète ardente, du bec et des serres il harcelait sans relâche le Serpent entrelacé, qui cherchait toujours à faire une blessure mortelle au cœur de son ennemi.

XI

Quelle vie, quelle puissance, quelle ardeur, éclatait dans la sphère de cet effroyable combat ! Du choc de ces prodigieux ennemis, une vapeur se forma et resta suspendue dans l’air, comme sur les flots l'embrun de la mer ; bien loin dans le vide, flottaient les plumes dispersées ; les brillantes écailles jaillissaient sous les