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LAON ET CYTHNA 127

l’abîme, puis enfin tomba dans la mer, tandis qu’au-dessus du continent, avec un bruit d’aile et un cri, l’Aigle passait, porté lourdement sur le vent épuisé.

XV

Cependant la tempête s’était enfuie ; l’Océan, la terre et le ciel brillaient de nouveau à travers l’atmosphère. Seulement, c’était un spectacle étrange de voir les vagues rouges s’agiter, comme des montagnes, sur la sphère du soleil couchant qui s’enfonçait, et d’entendre leur furieux rugissement au milieu du calme. Je descendis de ce lieu escarpé au rivage de la mer. — Le soir était clair et splendide, et là je trouvai la mer calme comme un enfant au berceau plongé dans un sommeil sans rêve.

XYI

Il y avait là une femme, belle comme le matin, assise au pied des rochers sur le sable de la mer désolée — belle comme une fleur qui pare un désert de glace. Ses délicates mains étaient croisées sur son sein, et le lien qui retenait sa noire chevelure était tombé, et elle était ainsi assise, regardant les vagues. Sur la plage nue à la limite de la mer, une petite embarcation attendait, belle comme elle, semblable à l’Amour abandonné par l’Espérance et désolé.

XYII

Il semblait que cette belle forme avait suivi les péripéties de cet inimaginable combat, et que maintenant ces tendres yeux étaient fatigués du soleil, dont la lumière éclairait brutalement sa douleur ; car on voyait son éclat suspendu dans les larmes qui ne cessaient