Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 1.djvu/240

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Pendant cette conversation, je m’étais retiré dans un coin de la prison, pour cacher les horribles angoisses auxquelles j’étais en proie. Du désespoir ! qui osait en parler ? la pauvre victime, qui le lendemain allait franchir l’effrayante limite qui sépare la vie de la mort, n’éprouvait pas comme moi une agonie profonde et déchirante. Mes dents tremblaient les unes contre les autres ; un soupir s’exhala du fond de mon cœur. Justine tressaillit, me reconnut, s’approcha de moi, et dit : « Mon cher monsieur, vous êtes bien bon de venir me visiter ; vous ne croyez pas, j’espère, que je sois coupable ». Je ne pus répondre. — « Non, Justine, dit Élisabeth, il est plus convaincu de ton innocence