Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 2.djvu/70

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l’amour. Il joua un air doux et triste, et je vis des larmes couler des yeux de son aimable compagne, tandis que le vieillard n’y prit garde que lorsqu’elle poussa des sanglots. Il prononça quelques mots auxquels la belle créature ne répondit qu’en laissant l’ouvrage, et en tombant à ses pieds. Il la releva, et sourit avec tant de bonté et d’affection, que j’éprouvai des sensations d’une nature particulière et accablante : c’était un mélange de peine et de plaisir, tel que je n’en avais encore jamais éprouvé, soit par la faim ou le froid, soit par la chaleur ou le plaisir de manger. J’étais incapable de soutenir ces émotions : je quittai la fenêtre.