Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 3.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec un bon vent, et que j’eus quitté pour toujours le pays qui avait été pour moi le théâtre de tant de douleurs.

Il était minuit. Mon père dormait dans la cabine, et moi j’étais sur le tillac à contempler les étoiles et à écouter le bruit des vagues. Je perçais des yeux l’obscurité qui cachait l’Irlande à ma vue, et je sentais mon pouls battre avec la violence de la fièvre, en pensant que je verrais bientôt Genève. Le passé me paraissait comme un songe effrayant, et pourtant le vaisseau qui me portait, le vent qui m’éloignait du rivage détesté de l’Irlande, et la mer qui m’entourait, ne m’apprenaient que trop que je n’étais pas trompé par une vision, et que