Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/14

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La Fontaine de Laure a mêlé son eau vive
     Aux sources des mauvais printemps ;
La Durance, en grondant, a dépassé ses rives,
     Et sur la plaine des gardians

Les taureaux courroucés ont labouré la terre ;
     Avez-vous vu, beau Saint-Rémy,
Vos oliviers tordus traînant dans la poussière ?
     Sommet des Alpilles, grand nid

Des Baux, rocher des Doms, mont de Sainte-Victoire
     Avez-vous pressenti la nuit ?
Avez-vous vu passer contre vos promontoires
     Les troupeaux qui se sont enfuis ?

Sous les hangars béants, pressés par les charrettes,
     Les rouliers ont courbé le front.
Les fouets se sont brisés et la voix des prophètes
     A tressailli dans les maisons.

Clochers de Saint-Sauveur et des Saintes-Maries
     Pourquoi tant de fois sonnez-vous ?
Pourquoi ces feux éteints et ces enfants qui crient ?
     Pourquoi ces femmes à genoux ?