Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/15

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Vous qui venez de Lamanon et de Maussane
     Quel est ce vent sur ces épis ?
Vous qui venez de Graveson et de Maillane
     Dites-nous ce qu’on vous a dit.




On nous a dit : Celui qui fit notre évangile
Est mort. On nous a dit : Celui qui dans nos villes
Porta la coupe sainte et le laurier latin
Est mort. On nous a dit : Celui qui dans ses mains
— Fidèle moissonneur et laboureur sévère —
Prit le blé de Virgile et la charrue d’Homère
Est mort. On nous a dit : Celui dont le réveil
Éblouissait le jour, celui dont le soleil
Suivait, comme un troupeau, la trace vénérable,
Celui qu’on invoquait en se mettant à table
Sous la treille du mas et le mûrier du puits
Est mort. On nous a dit : Celui qui dans la nuit
Provençale ajoutait son étoile aux étoiles,
Celui qui bénissait les anneaux et les voiles
Des épousées des champs, qui leur donnait le nom
De Mireille, celui qui portait le bâton
Des pâtres, le manteau des rouliers, la tendresse
Des humbles, la grandeur des conquérants, l’ivresse