Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Des remparts d’Herbécourt ayant franchi la porte,
Le laurier sur le front et la grenade au poing,
Tu montas à l’assaut et rejoignis l’escorte
Des messagers français qui ne reviennent point…

Maintenant dans ton ombre, ou mieux dans ta lumière,
Refoulant les sanglots de la vaine pitié,
Je reprends gravement les routes de la terre,
Qui s’ouvrent sur les champs de l’heureuse amitié.

Je marche à ton côté comme à côté d’un astre
Vers les quais alanguis où s’appuient les vaisseaux,
Et le vent de la mer sur les cris du désastre
Jette des souvenirs, des fleurs et des rameaux.

Le port est frémissant du sommeil des tartanes,
Le chœur des mariniers rêve dans l’entrepont,
La romantique voix de la nuit courtisane
Te pare, te conduit, te nomme, te confond.

Elle ne sait encor, la belle magicienne,
Que l’enfant qui joua de ses lourds colliers d’or
Ne s’accoudera plus à la rampe athénienne
Dont Puget, après Dieu, cisela le décor.