Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/89

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Innocente et les yeux meurtris, sur le rivage,
          Tu le regardais s’avancer.
Te doutais-tu, ma sœur, qu’il portait l’équipage
          De la tendresse du passé ?

Que le vent te trompait lorsque, pieuse et belle,
          Les mains jointes, devant la mer,
Tu criais : « Mon époux est-il dans la nacelle ? »
          Il faut tailler le buis amer

Et brûler à la chaux la rose éblouissante.
          La vague a tout enseveli,
Les mâts de l’avenir craquent dans la tourmente,
          Ma sœur, la cendre est sur ton lit,

La lumière brisée aux rochers de la rade
          De ton corps ne s’approche plus.
Jette au feu du bûcher tes robes de parade,
          L’ombre suffit à tes bras nus.