Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/90

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La voix sainte des morts domine la tempête ;
          Son accent a le goût de Dieu ;
Sur les grands seuils meurtris elle vibre et s’arrête.
          « Quel est ce chant mystérieux,

Dit l’épouse ? Quelle est cette aube religieuse
          Qui disperse toute ma nuit ?
Quel est ce rayon d’or sur mes mains anxieuses ?
          Qui me commande et qui me suit ?

Le printemps renaît-il contre la maison noire ?
          L’été germe-t-il sur le deuil ?
Pourquoi sur ma défaite un chemin de victoire
          Et sur ma piété mon orgueil ?

Ma lourde solitude est-elle plus humaine
          Que mes plus beaux enlacements ?
Mieux que l’amour le ciel qui me parle, m’enchaîne,
          Vais-je vivre de mon tourment ? »