Page:Siefert - Les Saintes Colères, 1871.djvu/19

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Et celui-là non plus, je ne le verrai pas.
Plus de famille alors, plus de nom, plus de race.
La maison est à qui la veut ; car, à la place
Où leur sang a fumé, la terre le boira,
Et leur souvenir même avec moi s’éteindra.
— Oh ! je suis déjà vieux, et j’ai la tête blanche,
Mais si, trouvant enfin l’heure de la revanche,
Je tenais d’une main ces Prussiens haïs
Qui deux fois dans ma vie ont souillé mon pays,
Qui changent notre France en un champ de bataille ;
Et si, dans l’autre main, j’avais cette canaille
D’empereur, qui nous vole et nous égorge après,
Oh ! des deux mains, d’un coup, je les écraserais !

28 août 1870.

V.


Ah ! parce qu’ils sont forts, et qu’ils sont en grand nombre,
Qu’ils se sont préparés dans le silence et l’ombre
Comme des renards ou des loups ;
Parce qu’ils ont surpris notre France endormie,
Qu’ils ont mis leur poing lourd sur sa bouche blémie,
Et sur sa gorge leurs genoux,

Ils ont crié victoire, et dit qu’elle était morte !
Mais le torrent de sang qu’ils font couler, emporte
Son dernier rêve et son sommeil ;