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LE SACRIFICE D’ABRAHAM.


Et dans l’enivrement de ce ciel souriant,
Il sentait sur sa chair un souffle de tempête,
En son cœur des remords qui se dressaient criant.

De ce regard empreint d’épouvante muette
Qui lit la vérité sur le front du passé,
Il embrassait sa vie… & détournait la tête.

Amertumes du temps vainement dépensé,
Dégoûts des jours perdus, sanglantes agonies,
Trahisons d’un orgueil trop longtemps encensé,

Qui de nous n’a connu vos âpres ironies ?
Et sous la pression des regrets impuissants
N’a subi vos tourments, ô lentes insomnies !

Qui n’a dans son oreille entendu ces accents
Où gronde le courroux de la justice armée,
Comme un lointain orage aux foudres menaçantes ?

Qui n’a, malgré l’oubli d’une nuit embaumée,
Derrière la Vengeance au vol lourd & fatal,
Entrevu Dieu dans sa conscience alarmée ?