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LE PREMIER FROID.


Au fond je suis resté naïf & mon passé,
Bien que sombre, n’a pas tout à fait effacé
De mon cœur la première & candide chimère.

François Coppée.


Le premier froid saisit la campagne étonnée :
On fait cercle le soir devant la cheminée,
La terre sous le pied sonne & blanchit, les cieux
Se font gris & le fleuve aux bonds capricieux
S’ouvre en glauques replis ou s’écaille d’ardoise.
Aux champs & dans les bois nul oiseau qui dégoise
Sa chanson, nulle fleur qui rêve, nul rayon
Qui réchauffe le cœur & baise le sillon
Creusé d’hier ; mais seul l’accord de la rafale
Dont tout écho redit la marche triomphale.
— La tristesse revient avec le dur hiver :
Car chacun nous faisons notre retour amer
Vers les bonheurs perdus dans le cours de l’année,