Page:Siefert - Les Stoïques, 1870.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


TEMPS PERDU.


Le temps s’en va, le temps s’en va, Madame.
— Las ! le temps, non, mais nous nous en allons.

Ronsard.


Oh ! tout ce temps perdu pour s’aimer, tous ces jours
Que je vois loin de moi s’envoler dans leur cours
Régulier, lent & monotone !
Tous ces bonheurs flétris dans leur espoir naissant
Comme ces derniers lys sur qui l’hiver descend
Avant la floraison d’automne !

Les arbres dépouillés demandent grâce aux cieux
Et semblent supplier de leurs bras anxieux
Que fouettent le vent & la pluie ;
Le vallon se remplit d’un brouillard froid & gris,
L’horizon nuageux se cache à l’œil surpris,
L’âme dans sa prison s’ennuie.