Page:Siefert - Rayons perdus, 1868.djvu/30

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O mon amour aimé, cette dure parole
Devait-elle sortir d'un coeur tel que le tien?
Ce qu'elle avait pour moi d'amèrement frivole,
A tes yeux n'était-ce donc rien?

Dis-moi, ce n'était pas ta sincère pensée?
Sur mon front un soupçon que tu laissais planer?
Si tu l'entends ainsi j'en serais offensée,
Et j'aurais peine à pardonner.

Je ne sais pas encor comment on se renie,
Ni comment on insulte à son propre passé.
Je t'en prie, entre nous plus de cette ironie
Qui flétrit ce qu'elle a blessé.

Toutes ces lâchetés n'ont sur moi nulle prise,
L'on me dirait en vain : « Le printemps, reparaît,
« La sève bouillonnante ouvre l'écorce grise
« Des arbres morts de la forêt.

« La terre resplendit de verdure nouvelle,
« La nature a repris son aspect d'autrefois,
a Les oiseaux font leurs nids, la rose est toujours belle,
« La mousse est fraîche au fond des bois... »