Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/26

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Tandis que les grands bœufs, traînant avec lenteur
Les chariot criards chargés de lourdes gerbes,
Par bouffée aspirant ce vent réparateur,

Ou laissant un rayon lustrer leurs flancs superbes,
L’œil humide & perdu dans l’espace éthéré,
À leurs pieds gravement arrachaient quelques herbes.

Le cri d’un scarabée, au corselet doré,
Vibrait à l’unisson des soupirs de la brise,
Qui disait, elle aussi, son cantique sacré.

Tout chantait, tout priait dans la nature éprise,
Chaque voix à son tour, pour louer le Seigneur,
Montait du vallon vert & de la roche grise.

Et l’homme alors, qu’il fût berger ou moissonneur,
Bénissait dans son cœur l’Auteur puissant & tendre
De toute cette paix & de tout ce bonheur.

Puis la scène changeait : il me semblait entendre
Le bourdonnement sourd d’une grande cité ;
Sous mes yeux je voyais Jérusalem s’étendre.