Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/27

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Le temple était ici grave dans sa beauté,
Le Golgotha là-bas avec sa tête chauve,
Gethsémani plus loin, Hébron de ce côté.

Dans la rue escarpée & sous le soleil fauve,
Passaient & repassaient entre les murs étroits
Les prêtres parfumés d’hyacinthe & de mauve.

Tout à coup surgissaient, inflexibles & droits,
Les prophètes, ces gueux sublimes, ces poëtes,
Secouant leurs haillons à la face des rois.

Je voyais onduler les masses inquiètes
Du peuple, soulevé comme une vaste mer
Par la terrible voix de ces tribuns ascètes.

Sans défense, debout, le regard triste & fier,
La barbe & les cheveux tout souillés de poussière,
Comme ceux-là qui vont menant un deuil amer,

Pieds nus, à peine ceints d’une toile grossière,
Hâves, maigres, mais plains de sombre majesté,
Le front illuminé d’une étrange lumière,