Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/62

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Qui nous dira le grand secret ?
Est-ce le sort fatal ? est-ce la loi suprême ?
L’amour par qui je vis & ma souffrance même,
Tout, dans l’oubli, s’abîmerait ?

Oh ! s’il en est ainsi de la sagesse humaine,
Si l’on doit, de sa vie, écarter toute peine
Comme une perte de son temps,
Si l’on doit mesurer ses plus amères larmes,
Si l’on doit, pour garder une paix sans alarmes,
Compter au chagrin ses instants ;

Si l’on doit mépriser comme un bruit misérable
Tout ce que le passé, de sa voix adorable,
À votre oreille vient crier ;
Si toute grandeur pure à la raison se brise,
Si l’égoïsme seul sur vous doit avoir prise,
Si le cœur doit se renier ;

S’il n’a plus sa fierté constante qui le venge,
Si, pareil au polype inerte, il faut qu’il change
Selon le sort inattendu
Qui l’ampute au hasard & lui fait mille entailles ;