Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/12

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l’autel. Nous nous agenouillâmes tous les deux. Abattue par le chagrin, fatiguée par une longue insomnie, la jeune fille appuya sa pauvre petite tête sur mon épaule et nous restâmes ainsi silencieux. La nuit était avancée ; dans la salle contiguë à la chapelle, un vieux coucou de Dantzig sonna plaintivement deux coups ; partout régnait un calme profond, rompu seulement par le bruit lointain d’un ouragan et par les sanglots convulsifs de Hania. Je n’osais lui dire un mot d’encouragement et me contentais de la presser contre moi, comme l’eût fait un tuteur ou un frère aîné. Et je ne pouvais prier, tellement je subissais d’impressions diverses ; des tableaux de toutes sortes défilaient devant mes yeux ; mais enfin et lentement se dégagea de ce chaos une seule pensée, se fit jour un seul sentiment : à savoir que cette petite tête aux yeux clos, penchée sur mon épaule, que cet être pauvre et sans défense, que tout cela me