accompagner ; mais que m’importait ? L’essentiel pour moi, en attendant, était que nul ne s’aperçût à table de notre brouille ; car, si quelqu’un la remarquait et demandait des explications, tout se dévoilerait, et à cette seule pensée mon sang se glaçait dans mes veines et mon cœur se serrait d’inquiétude. Mais, chose étonnante ! je vis que Hania avait beaucoup moins peur que moi, qu’elle devinait ma frayeur et s’en moquait ; cela m’offensa, mais je n’y pouvais rien. J’attendais Oustchitsy et m’accrochais à cette pensée, comme un homme en danger s’accroche à un fétu de paille.
Évidemment, Hania y pensait aussi, car après le dîner, elle baisa la main de mon père et demanda :
— Puis-je ne pas aller à Oustchitsy ?
« Ah ! quelle méchante, quelle mauvaise fille que cette douce Hania ! » pensai-je dans le fond de mon âme.
Mon père, qui était un peu sourd, n’en-