Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

payer de la même monnaie. Étrange rapport avec un être que j’aimais plus que tout ! Je pouvais en toute justice dire : « Mes lèvres te diffament, mais mon cœur pleure après toi ! ». Nous ne causâmes pas de tout le repas, seule l’entremise de tierces personnes permettait de soutenir la conversation. Quand, par exemple, Hania disait à madame d’Ives qu’il pleuvrait avant le soir, je me tournais non vers Hania, mais vers madame d’Ives, affirmant qu’il ne pleuvrait pas. Ces taquineries et ces contradictions n’étaient pas chez moi exemptes d’un certain charme. « Je serais heureux de savoir, ma chère demoiselle, comment nous nous comporterons l’un envers l’autre à Oustchitsy, car nous devons y aller, » pensai-je en moi-même. « Je veux l’interroger exprès sur quelque chose devant tout le monde, à Oustchitsy, elle sera alors forcée de me répondre, et la glace se trouvera rompue ! » J’espérais beaucoup de ce voyage. À la vérité madame d’Ives devait nous