Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/16

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une existence paisible de vieux nobles, dans le nid paternel. Je pouvais donc me considérer comme à mon aise, aussi envisageais-je avec sérénité mon avenir et celui de Hania, sachant que, quelque sort qui l’attendît, elle trouverait toujours auprès de moi paix et secours, si elle en avait besoin.

Je m’assoupis dans ces pensées, et, au matin, je m’apprêtai à exercer mes fonctions de tuteur. De la part d’un enfant, c’était peut-être risible, mais je ne puis encore m’en souvenir sans en éprouver de l’émotion. Quand je vins avec Kaz au déjeuner, les autres commensaux étaient déjà à table : c’étaient le prêtre Ludvig, madame d’Ives, notre gouvernante, et mes deux petites sœurs, installées, selon leur habitude, sur de hautes chaises cannées. Je m’assis avec importance sur le siège de mon père, regardai la table d’un air de dictateur, et, me tournant vers le petit Kosak qui nous servait, je lui dis d’un ton sec et impérieux :