Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/163

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doué d’une grande présence d’esprit, comme bien peu en ont à son âge, il démonta si bien les deux femmes qu’elles ne surent bientôt plus que devenir. Madame d’Ives et moi vinrent aussi à son secours et nous attaquâmes avec ardeur les gouvernantes. Lola, craignant de me fâcher, se rangea également de notre côté et, quoique sans sincérité, commença à témoigner à Hania plus d’attention. En un mot, notre triomphe fut complet ; mais, à mon grand regret, le principal auteur en fut Sélim. Hania, qui malgré tout son tact avait peine à retenir les larmes prêtes à jaillir de ses yeux, se mit à regarder Sélim comme son sauveur, avec reconnaissance et respect. Quand nous nous levâmes de table et reprîmes notre promenade dans le jardin, j’entendis Hania dire d’une voix émue à Sélim :

— Seigneur Sélim ! je vous suis bien reconnaissante…

Et elle fit un grand effort pour ne pas