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Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/219

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mes lèvres serrées, je dis qu’il n’y a pas de honte dans tes yeux, voilà !

Hania se laissa glisser sans force sur le divan. Je la regardai : elle était blanche comme un suaire. Je lui saisis la main, et serrant ses petits doigts, je continuai :

— Écoute ; j’étais à tes pieds, je t’aimais plus que tout au monde…

— Seigneur Henri !

Puis je lui dis plus bas :

— J’ai tout vu et tout entendu… Tu es une effrontée ! Toi et lui…

— Mon Dieu ! mon Dieu !

— Tu es une effrontée ! Je n’oserais pas, moi, baiser le bas de ta robe, et il t’a embrassée sur les lèvres. Et toi tu te serrais contre lui. Je te méprise ! Je te déteste !

Ma voix mourut dans ma poitrine. Quelques minutes s’écoulèrent avant que je pusse continuer :

— Et toi, tu as bien deviné que je vous séparerais fût-ce au prix de ma vie ; oui,