Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/293

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— Je t’aimerai toujours ! répétai-je avec ardeur.

Je mentais, dans mon cœur étaient encore l’amour et la compassion d’un frère, mais l’ancien sentiment s’était envolé, comme un oiseau, sans laisser de traces.

J’allai dans le jardin, vers ce même kiosque de houblon, où Sélim et Hania s’étaient jadis fait leurs confidences ; je m’assis sur le banc, et je pleurai amèrement, comme après la perte d’un être cher.

Et, en effet, l’ancienne Hania était morte pour moi ; pour mieux dire, c’était mon amour qui était mort, et il ne restait en mon cœur que le vide et une douleur pareille à celle d’une blessure non cicatrisée.

Longtemps je restai assis. Le paisible soir d’automne commençait à dorer le sommet des arbres ; on me cherchait à la maison dans tous les coins ; mon père arriva enfin au kiosque.

Il me regarda, et respectant mon chagrin :