Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/34

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du tabac ; mes petites sœurs étaient sous la table, où, installées sur le tapis, elles s’amusaient à tresser leurs cheveux blonds ; Hania, Sélim et moi, nous étions assis sur un divan près de la fenêtre et regardions l’étang, le bois et la lueur chaude du crépuscule. Enfin tout s’assombrit ; le prêtre Ludvig alla dire ses prières et une de mes sœurs pourchassa la seconde dans une autre pièce. Sélim se mit à bavarder, mais tout à coup Hania se rapprocha de moi et murmura :

— Jeune maître, cela m’effraye… j’ai peur.

— N’aie pas peur, Hania, lui dis-je — et je la serrai contre moi. — Approche-toi de moi, comme cela. Quand tu es auprès de moi, tu n’as rien à craindre, il ne t’arrivera aucun mal. Regarde, je ne crains rien, et je saurai toujours te protéger.

C’était là un mensonge. Était-ce à cause de l’obscurité régnant dans la salle, étaient-ce les paroles de Hania, ou bien la mort