Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/57

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Sélim devait faire ses adieux à son père. Nous nous levâmes à six heures ; la nuit était encore obscure. Ah ! mon âme était alors aussi triste que ce sombre matin d’hiver. Sélim se trouvait également dans une mauvaise disposition d’esprit et, au saut du lit, il déclara que tout l’univers était bête et construit d’une façon détestable. J’adhérai à ses paroles, puis nous nous habillâmes et sortîmes de notre appartement pour déjeuner.

Il faisait nuit au dehors ; de petits flocons de neige nous fouettaient la figure. Les fenêtres de la salle à manger étaient éclairées ; devant le perron stationnait un traîneau où nous plaçâmes nos effets : les chevaux s’ébrouaient, les chiens aboyaient tout le temps, allaient et venaient autour du véhicule — tout cela constituait pour nous un tableau tellement triste que notre cœur se serra à sa vue. Dans la salle à manger, nous trouvâmes mon père et le prêtre Ludvig qui causaient tous