Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/76

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à mon imagination de prendre le dessus. Je me rappelle, lorsque je fus amoureux pour la première fois d’une certaine Lola, je croyais, par exemple, que sa robe était une chose sainte, et c’était de la simple indienne. Et voilà ! Fut-elle coupable de marcher dans la boue, au lieu de trôner dans le ciel ? Non, c’est moi qui étais stupide de vouloir de force lui mettre des ailes. L’homme est une créature passablement médiocre. Et chacun porte en son cœur Dieu sait quel idéal et en même temps un besoin d’aimer, et quand il rencontre quelque tête de linotte, il se dit avec conviction : « Voilà mon idéal ! » Il reconnaît ensuite qu’il s’est trompé, et après cette petite erreur ou bien il se donne au diable, ou bien il devient idiot pour toute la vie.

— Avouez pourtant, interrompis-je, que l’homme éprouve le besoin d’aimer, et que vraisemblablement vous l’éprouvez tout comme les autres.