Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/78

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Mon sang bouillonna ; des éclairs jaillirent de mes yeux.

— Tais-toi ! criai-je. Ne prononce pas ce nom dans un cabaret !

Et je lançai mon verre sur le sol si violemment, qu’il se brisa en mille morceaux.

— Eh bien ! as-tu perdu la tête ? dit le professeur effrayé.

Je n’avais pas perdu la tête, mais la colère bouillonnait en moi et me brûlait comme du feu. Je pouvais entendre tout ce que disait des femmes notre professeur, cela pouvait même me plaire, je pouvais plaisanter sur elles, mais à la condition que les moqueries et les persiflages n’atteignissent personne en particulier. Il ne me venait pas à l’idée que la théorie générale pût être appliquée à des êtres qui m’étaient chers. Mais, quand j’entendis prononcer le nom de ma pure orpheline dans ce cabaret, au milieu des flocons de fumée de tabac, de la poussière, des bouteilles vides et des discours cyniques, je crus être témoin