Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/87

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cingla le visage ; un pont de bois craqua sous les sabots des chevaux, et, au bout d’une demi-heure, nous dépassâmes la barrière, et nous nous trouvâmes au milieu de la campagne, des prés et des bois. Notre poitrine aspira largement la fraîcheur bienfaisante du matin, et nos yeux parcoururent l’horizon. La terre sortait de son sommeil ; une rosée perlée pendait aux branches humides des arbres et étincelait sur les épis de blé. Dans les haies touffues, les oiseaux sautaient joyeusement et, de leur gazouillement bruyant, annonçaient le réveil du jour. Les bois et les prés rejetaient loin d’eux le voile embrumé du matin. Des colonnes de fumée, s’élevant des cheminées des chaumières, montaient droit vers le ciel ; un petit vent à peine perceptible faisait onduler en vagues les épis mûrs et en rejetait l’humidité nocturne. Partout la joie éclatait ; il semblait que tout s’éveillait, vivait et se fondait en un hymne harmonieux.