Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/88

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Quiconque est rentré chez lui, dans sa jeunesse, par un beau matin d’été, peut s’imaginer aisément ce qui se passait en nos cœurs. Les années de l’enfance et de la sujétion scolaire étaient déjà loin de nous ; devant nous, s’ouvrait l’ère de la jeunesse, telle une steppe immense, parsemée de fleurs et à l’horizon sans fin, — une contrée inconnue et attirante, où nous entrions sous un bon augure : jeunes, forts, sentant à nos épaules comme des ailes d’aigles. De tous les trésors de la terre, le plus grand est la jeunesse, et nous n’avions pas encore dépensé un sou de ce trésor.

Nous allions rapidement, — car des chevaux de relais nous attendaient à toutes les stations principales. Le lendemain, après un voyage ininterrompu, nous aperçûmes Khojéli, ou plutôt le toit hospitalier du minaret de la maison, qu’éclairaient les rayons du soleil couchant. Nous atteignîmes bientôt une digue entourée de saules et de