Page:Sieyès-Qu'est ce que le tiers état-1888.djvu/79

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prendra-t-il la place de l’ancien désordre ? Les changements que nous allons éprouver seront-ils le fruit d’une guerre intestine, désastreuse à tous égards pour les trois ordres, et profitable seulement au pouvoir ministériel, ou bien seront-ils l’effet naturel, prévu et bien gouverné, d’une vue simple et juste, d’un concours heureux, favorisé par des circonstances puissantes et promu avec franchise par toutes les classes intéressées ?

4. Promesse de supporter également les impositions.

Les notables ont exprimé le vœu formel de faire supporter les mêmes impositions par les trois ordres. Ce n’était pas sur cet objet qu’on leur demandait leur avis. Il s’agissait de la manière de convoquer les états généraux, et non des délibérations que cette assemblée aura à prendre. Ainsi on ne peut regarder ce vœu que comme celui qui est émané des pairs, du parlement, et enfin de tant de sociétés particulières et d’individus qui s’empressent aujourd’hui de convenir que le plus riche doit payer autant que le plus pauvre. On sent très bien que si les contributions avaient été ce qu’elles doivent être, un don volontaire de la part des contribuables, le tiers n’aurait pas voulu se montrer plus généreux que les autres ordres.

Nous ne pouvons le dissimuler, un concours aussi nouveau a effrayé une partie du public. Il est bon, sans doute, et louable de se montrer d’avance disposé à se soumettre de bon cœur à une juste répartition d’impôt, lorsqu’elle aura été prononcée par la loi. Mais d’où viennent, s’est-on dit, de la part du second ordre un zèle si nouveau, tant d’accord et tant d’empressement ? En offrant une cession volontaire, espérerait-il dispenser la loi d’en faire un acte de justice ? Trop d’attention à prévenir ce que doivent faire les états généraux ne pourrait-il pas tendre à s’en passer ? Je n’accuse point la noblesse de dire au roi : sire, vous n’avez besoin des états généraux que pour rétablir vos finances : eh bien ! Nous offrons de payer comme le tiers ; voyez si cet excédent ne pourrait pas nous délivrer d’une assemblée qui nous