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Page:Sigismond de Justh Le livre de la Pousta 1892.djvu/104

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DAMNÉ.

dérobée fumer ma pipe dans le fossé derrière le champ de maïs ; mais cela ne dura pas longtemps. Un jour, le tabac vint à me manquer et ma femme me refusait maintenant jusqu’au denier d’aumône, parce que, savez-vous, m’expliqua-t-il, de temps en temps elle me donnait par pitié deux ou trois kreutzers : c’est ce qu’elle appelait le denier d’aumône. Eh bien ! ce jour-là elle refusa net. Alors, dans un moment de malédiction, ah ! monsieur, que l’homme est faible ! Judas a vendu le Seigneur pour trente deniers, moi j’ai vendu le salut de mon âme pour une poignée de tabac. J’ai volé ! Monsieur, j’ai volé, moi l’honnête Mihály Bús que personne n’aurait pu accuser jusque-là d’une mauvaise action. J’ai volé une vingtaine de feuilles de tabac dans le domaine du baron. Et je les fumai avec la