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LE LIVRE DE LA POUSTA.

sans nous. À Orosháza[1], il y a plus de mille ouvriers sans ouvrage. C’est la désolation. Le coq rouge se réveille. Hier il

  1. C’est d’Orosháza, immense village de plus de 30 000 habitants, qu’est parti le mouvement dit « agraire » qui agite depuis quelques années les populations rurales de la grande plaine hongroise. C’est surtout dans la défectueuse répartition du sol qu’il faut en chercher la cause primordiale. En effet, la classe moyenne ne représentant qu’une infime fraction, deux catégories de propriétés se trouvent seules en présence : celles de moins de 30 hectares et les grands domaines seigneuriaux. Or, les premières étant cultivées par les terriens eux-mêmes aidés de leur famille, c’est sur les secondes que, faute d’industrie, travaillaient presque exclusivement les paysans prolétaires. La dépression du prix des céréales, l’emploi des machines, la concurrence des ouvriers agricoles venant de contrées trop peuplées rendirent leur situation très critique. L’absence des grands propriétaires et les vexations de certains gérants parfois peu scrupuleux aggravèrent le mécontentement. Il suffit alors à quelques meneurs socialistes d’apparaître. Des « sociétés ouvrières » furent fondées et, à la première occasion, la partie la plus riche de l’Alföld devint le théâtre de scènes sanglantes.