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LA POUSTA.

couvre une longue bande de terrain. Plus loin, autour de l’abreuvoir, le sol est dénudé, pétri par les pas des troupeaux. Puis s’étale un pré fangeux, espèce de tourbière, que les eaux intérieures inondent tous les printemps. Il n’y pousse que du jonc et de rares lys aquatiques.

Des bœufs traînant lentement leurs ombres longues s’avancent vers l’auge. Le pâtre, grand, majestueux, superbe, les suit. À chaque pas il s’arrête, d’un mouvement rajuste sa bunda[1], redresse sa calotte de peau, s’appuie sur son bâton, et, sa pipe en terre cuite entre les dents, regarde devant lui, les yeux vides, immobile, semblable à quelque statue gran-

  1. Grande fourrure en peau de mouton que les habitants de la Pousta portent toute l’année, la fourrure en dedans pendant l’hiver et à l’envers pendant les grandes chaleurs.