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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

à l’artiste, en dirigeant et fortifiant son inspiration, nous cherchons encore le dommage qu’elle lui peut causer. Dans la préface de son livre, Rood en montre toute l’importance :

« Nous nous sommes efforcé aussi de présenter d’une manière simple et intelligible les faits essentiels dont dépend nécessairement l’emploi artistique des couleurs. — La connaissance de ces faits ne pourra pas, bien entendu, transformer le premier venu en artiste ; mais elle pourra jusqu’à un certain point empêcher des gens du monde, des critiques, et même des peintres de parler ou d’écrire sur la couleur d’une manière vague, inexacte et quelquefois irrationnelle. Nous irons plus loin encore, et nous dirons que la connaissance réelle des faits élémentaires sert souvent à signaler aux débutants l’existence de difficultés qui sont presque insurmontables, ou peut-être encore, lorsqu’ils sont embarrassés, à leur révéler la nature probable de l’obstacle qui les arrête ; en un mot une certaine introduction élémentaire épargne aux travailleurs des efforts inutiles. »

Il ne s’agit pas, en effet, pour être coloriste, de poser des rouges, des verts, des jaunes, à côté les uns des autres, sans règle ni mesure. Il faut savoir ordonner ces divers éléments, sacrifier les uns pour faire valoir les autres. Bruit et musique ne sont pas synonymes. La juxtaposition de couleurs, si intenses qu’elles soient, sans observation du contraste, c’est du coloriage et non du coloris.

3. Un des grands blâmes adressés aux néo-impressionnistes, c’est qu’ils sont trop savants pour des artistes :